INTERVIEW - L'auteur d'un récent rapport commandé par Nicolas Sarkozy suggère une intervention de Matignon ou de l'Élysée.
LE FIGARO —Trois mois après la remise de votre rapport pour redynamiser l'adoption, qu'est-ce qui a changé ?
JEAN-MARIE COLOMBANI — Rien ne s'est passé depuis, et c'est très inquiétant. Malgré la priorité que s'était fixée le président de la République de dégripper les rouages de l'adoption en me commandant dans un premier temps un état des lieux, le gouvernement n'a rien traduit en actes jusqu'à ce jour. J'avoue être indigné de cette lenteur, alors que tous les «diagnostics» sont posés. On sait entre autres que, pour optimiser l'adoption, il faut créer une autorité centrale en marge de l'AFA (Agence française de l'adoption) de manière à définir une vraie politique, améliorer la procédure d'agrément ou encore développer la coopération humanitaire avec les pays d'origine.
Si rien n'a été officiellement annoncé, des mesures semblent se profiler… Si l'on fait référence à ce que j'entends dire à droite et à gauche sur la volonté de Nadine Morano de réunir tous les acteurs de l'adoption autour d'une même table, alors les bras m'en tombent : l'heure n'est plus aux tables rondes et aux concertations ! Ça a été fait maintes fois. C'est même la raison d'être du rapport que j'ai fait ! Passons aux actes !
Quelle est, selon vous, la raison d'une telle situation ?
Elle est politique. Il y a tout simplement de sourdes batailles au sein du gouvernement pour tirer à soi ce sujet : Rama Yade (secrétaire d'État chargée des Affaires étrangères, NDLR) pour le volet international, Nadine Morano (secrétaire d'État à la Famille) pour l'adoption en France, sans compter l'AFA qui a actionné tous les leviers pour défendre la légitimité de son agence. C'est scandaleux que, aujourd'hui en France, la problématique de l'adoption soit réduite à des petits jeux d'influence dans un appareil déjà complexe et à des guerres de position. D'autant que, au bout de la chaîne, ceux qui attendent sont des familles et des enfants en souffrance.
Quelle pourrait-être la solution ?
Il faut absolument un recadrage politique, avec une feuille de route claire pour tout le monde. Soit on met en place un conseil interministériel piloté par Matignon, soit Nicolas Sarkozy oblige ses ministres concernés à appliquer des mesures du rapport.
Source : Le Figaro
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