La Chine, critiquée en 2003 pour avoir longtemps caché la vérité sur une épidémie de pneumonie atypique, est désormais accusée de réagir avec excès face à la grippe porcine, montrant la difficulté pour elle de trouver la bonne prescription face à une crise sanitaire, selon des experts.
Traumatisé par l'épidémie de SRAS (pneumonie atypique) et la grippe aviaire, Pékin a réagi de manière rapide et énergique pour faire face à la progression du virus A(H1N1).
Apparue dans la province chinoise du Guangdong (sud) en novembre 2002, l'épidémie de SRAS avait fait 800 morts dans le monde, dont 350 en Chine, mais avait longtemps été niée par les autorités.
Mais si la Chine a retenu la leçon des erreurs de l'époque, elle a exagéré la gravité du virus, ce qui a provoqué les critiques d'autres pays, selon des experts. "Les dirigeants chinois ne comprennent pas qu'il faut éviter de réagir avec excès. Leur compréhension des médias et des opinions publiques étrangères a toujours été incroyablement insuffisante", dit Cheng Li, spécialiste de la Chine à Brookings Institution, un centre d'études à Washington. "L'importance accordée par les dirigeants chinois au bien-être collectif se fait souvent aux dépens des droits individuels", souligne-t-il.
La Chine a suspendu les vols avec le Mexique, plaçant en quarantaine de nombreux étrangers. Le Mexique s'est plaint de l'attitude de Pékin, évoquant des actes de discrimination envers ses ressortissants. Le Canada a également protesté. Ces mesures ont été prises malgré les avertissements de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le fait qu'elles auraient "très peu d'effet" pour contenir le virus.
La Chine et le territoire de Hong Kong ont confirmé quatre cas de grippe porcine, tous concernant des personnes arrivées de l'étranger.
"L'action prompte et décisive de la Chine indique que l'épisode du SRAS a fait comprendre au gouvernement que vouloir cacher et ne pas agir était non seulement impossible mais contreproductif", juge Yanzhong Huang, directeur du Centre pour les études sanitaires mondiales aux Etats-Unis. "Ce que fait le gouvernement maintenant suggère cependant qu'il n'arrive pas à faire la différence entre les virus en termes de virulence et de transmissibilité", poursuit-il.
Pékin a également suspendu l'importation de produits porcins en provenance du Mexique et de certaines régions des Etats-Unis et du Canada, même si le porc ne pose aucun problème. "Les mesures prises lui posent des problèmes dans ses relations avec les autres pays et avec une économie déjà en difficulté -- les prix du porc ont baissé significativement en raison de la peur des produits porcins", dit Huang.
Les autorités chinoises soulignent, elles, la nécessité de tout faire pour éviter qu'une épidémie ne se propage dans un pays qui compte la plus grande population au monde et dont le système de santé, en particulier dans les campagnes, présente des lacunes. "Le gouvernement chinois a pris des mesures actives et correctes pour combattre l'épidémie et nous avons donné des informations dès que des cas ont touché la Chine", a déclaré jeudi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Ma Zhaoxu. "Je crois que cela a été compris par le monde entier", a-t-il ajouté, plaidant pour une "coopération internationale" face à l'épidémie. La Chine a reçu le soutien de l'OMS, son représentant dans le pays, Hans Troedsson, évoquant des actions "adéquates" et "transparentes".
le 15/5/2009 à 12h07 par Dan Martin (Aujourd'hui la Chine)
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