PARIS, 26 oct 2007 (AFP) - L'affaire des 103 enfants du Tchad et du Darfour recueillis par l'association "L'Arche de Zoé" pour être remis à des familles françaises, risque de brouiller l'image de l'adoption internationale, alors que des milliers de foyers sont en attente d'enfant en France."Il faut clarifier très vite cette affaire", soulignaient vendredi d'une même voix responsables de l'Agence française de l'adoption (AFA) et de l'association "Enfance et familles d'adoptions" (EFA), représentant quelque10.000 familles. "Il faut montrer très vite que l'on ne peut pas faire n'importe quoi", affirme Yves Nicolin, président du conseil d'administration de l'AFA, créée en2005, et interlocuteur des pays étrangers ouverts à l'adoption.
En 2006, 3.995 enfants étrangers ont été adoptés en France, un nombre en baisse par rapport à 2005 (4.136), mais quelque 25.000 foyers agréés attendent un enfant, et 8.000 nouveaux dossiers sont agréés chaque année. Un candidat à l'adoption sur deux parvient au bout de son projet, selon une enquête de l'Ined (Institut national des études démographiques), le délai étant en moyenne de trois ans. "Il ne faut pas tromper les familles, les procédures existent, et aujourd'hui, s'il peut y avoir encore des cas individuels de fraude à l'adoption, il ne peut pas y avoir de réseau organisé".
L'EFA, qui s'était inquiétée en mai de messages, sur son forum internet, de l'association l'Arche de Zoé recherchant des familles pour accueillir avec"adoption au bout d'un certain temps" des enfants du Darfour, souligne aussi que "des familles peu au courant peuvent être influencées". "On n'adopte pas pour des raisons humanitaires", rappelle Marie-Claude Arnould, responsable de l'adoption internationale à l'EFA. "Si c'est dans cebut, il faut vraiment s'interroger sur ses motivations, car l'enfant va être le vôtre toute votre vie, cela n'a rien à voir avec l'humanitaire".
Les associations rappellent qu'au moment du tsunami en Indonésie fin 2004, l'Unicef avait déjà lancé une mise en garde contre les tentations d'adoption. Les familles venues à l'aéroport de Vatry (Marne) pour accueillir les enfants se défendent cependant d'avoir voulu adopter les enfants, parlant d'"accueil". Mais les tensions qui pèsent sur l'adoption internationale partout dans le monde, et dont la France pâtit, peuvent être aggravées par de semblables affaires."La situation de l'adoption internationale a bien changé", rappelle Yves Nicolin. "Il y a de plus en plus de candidats à l'adoption, de moins en moins d'enfants adoptables et une compétition plus forte entre pays adoptants". Beaucoup de pays où l'adoption était auparavant facile, et même encouragée, privilégient désormais les adoptions nationales, d'autres, comme le Brésil, durcissent les critères et ne proposent plus que des enfants déjà grands ou desfratries. La fermeture progressive aux adoptions individuelles rallonge les procédureset les dossiers s'accumulent à l'AFA et dans les OAA (organismes autoriséespourl'adoption)."Les Etats privilégient les pays qui arrivent avec un partenariat humanitaire", souligne M. Nicolin, alors que les statuts de l'AFA lui interdisent de telles démarches.
Jean-Marie Colombani, ancien directeur du Monde, chargé par le président Sarkozy d'une mission sur l'adoption, pourrait proposer de développer la coopération et d'user de la voie diplomatique pour obtenir pour la France un plus grand nombre d'enfants adoptables.
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