L'adoption d'enfants étrangers en France est rendue de plus en plus difficile par une réglementation internationale plus stricte, et par les réticences des pays d'origine, que l'affaire de l'Arche de Zoë risque d'accroître, ont témoigné les participants d'un colloque mercredi à Paris.
La tentative avortée de cette ONG de faire venir en France des enfants présumés orphelins de l'Est du Tchad était dans tous les esprits, à l'ouverture par Xavier Bertrand de ce colloque, qui réunit pays d'accueil et pays d'origine (Mali, Madagascar notamment) mercredi et jeudi au ministère de la Santé, à l'initiative de l'Agence française de l'adoption (AFA).
Le ministre de la Solidarité a martelé que la "seule logique qui compte" doit être "le respect des règles internationales". "Ce n'est pas parce qu'un enfant semble abandonné dans les rues de tel quartier déshérité que l'on peut l'adopter", a-t-il dit.
Alors que le Congo vient de décider de suspendre les adoptions d'enfants "par précaution", l'affaire de l'Arche de Zoë risque de compliquer encore les démarches des couples, déjà soumis depuis quelques années à rude épreuve.
La France n'est pas le seul pays où le nombre d'adoptions internationales a baissé en 2006 (de 4.136 en 2005 à 3.997), a fait remarquer Richard Bos, de l'Autorité centrale pour l'adoption internationale (ACAI). Les Etats-Unis (-10%), la Suède (-20%) ou l'Allemagne sont dans le même cas.
Mais il a reconnu "l'existence de difficultés" en France, où la réforme de l'adoption de 2005 a suscité de très fortes attentes, et des déceptions d'autant plus grandes.
L'AFA, créé en mai 2006 pour accompagner les démarches et garantir le respect des règles, peine à s'implanter dans des pays qui, face à l'afflux des demandes, durcissent leurs critères d'adoption (comme la Chine, avec 40.000 dossiers en attente), imposent des "quotas" (Burkina Faso, Cambodge ou Thaïlande) ou suspendent temporairement l'envoi de nouveaux dossiers.
Par ailleurs, a reconnu Richard Bos, la France ne relie pas suffisamment la question de l'adoption à l'aide au développement ou aux projets humanitaires privés, contrairement à l'Espagne ou l'Italie, qui gagnent ainsi des points.
L'adoption internationale change profondément depuis quelques années, de plus en plus de pays signant la convention de La Haye de 1993 qui interdit les démarches individuelles et fixe des règles qui assurent que l'enfant est bien adoptable.
Les familles doivent faire face à une réalité nouvelle, note Laure de Choiseul, présidente de l'AFA: les adoptions "nationales" sont privilégiées et certains pays exigent de "suivre" l'enfant adopté pendant plusieurs années.
Bien que mal vécues par des adoptants toujours plus nombreux (8.000 agréments nouveaux sont accordés chaque année en France), ces contraintes sont une garantie contre les risques courus en cas de démarches individuelles: incertitude sur l'état-civil de l'enfant ou l'autorisation légale d'adoption.
"Dans certains pays, en Afrique ou au Vietnam, lorsqu'une mère confie son enfant à un orphelinat, ce n'est pas dans son esprit un abandon", rappelle-t-on à l'AFA.
De nombreux pays n'autorisent que l'adoption simple (qui ne rompt pas la filiation) et sont "choqués" de voir qu'ensuite, les familles adoptives obtiennent en France une adoption plénière, explique-t-on, "il faudrait faire comprendre aux Français que l'adoption simple a plus d'avenir que l'adoption plénière".
© 2007 AFP
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