vendredi 14 mars 2008

Tibet : la communauté internationale appelle la Chine à la retenue

Par Cyriel Martin
Vendredi après-midi, l'ambassadeur américain à Pékin a demandé au gouvernement chinois de "faire preuve de retenue" au Tibet et de ne pas recourir à la force, a annoncé le département d'État à Washington. La Chine "doit respecter la culture tibétaine, elle doit respecter le caractère multiethnique de sa société", a estimé un porte-parole de la Maison-Blanche. En ajoutant : "Nous regrettons les tensions entre les groupes ethniques et Pékin. Le président George W. Bush a constamment dit que Pékin doit dialoguer avec le dalaï-lama". Plus tôt, les dirigeants européens réunis en sommet à Bruxelles ont eux aussi appelé les autorités chinoises à faire preuve de "retenue" après les violences au Tibet, ont indiqué les ministres des Affaires étrangères français et britannique. Le gouvernement allemand a exhorté vendredi toutes les parties en présence au Tibet à "éviter absolument tout recours à la violence" en rappelant que la liberté de manifester pacifiquement est "légitime". Le ministère des Affaires étrangères allemand a déconseillé à ses ressortissants de se rendre pour l'heure au Tibet. Le dalaï-lama, qui s'est dit "profondément préoccupé" par la situation, a lui aussi demandé à la Chine de renoncer à l'usage de la force. "La Chine doit prendre en compte cette aspiration tibétaine" (Kouchner) "La présidence slovène [de l'UE] nous a proposé un texte que nous avons accepté, c'est un texte en trois paragraphes qui demande de la retenue, qui demande que les personnes arrêtées manifestant pour le Tibet soient relâchées", a déclaré Bernard Kouchner à la presse à l'issue du sommet à Bruxelles. "Nous avons demandé très clairement que le respect des droits de l'homme soit assuré. La condamnation est forte, venue de l'ensemble du Conseil européen et des 27 pays membres", a ajouté le chef de la diplomatie française. À ce stade, il n'est pas question côté européen d'envisager un boycott des Jeux olympiques de Pékin cet été. "Ce communiqué [de la présidence slovène] ne fait pas mention des Jeux olympiques. La France n'était pas partisane d'un boycott, mais la France peut attirer l'attention sur la concomitance entre les Jeux olympiques et cette aspiration tibétaine que la Chine doit prendre en compte", a dit Bernard Kouchner. Les États-Unis, de leur côté, ont "regretté" vendredi les violences au Tibet et réclamé de la Chine le respect de la culture tibétaine. Plusieurs personnes tuées, une douzaine de blessés À cinq mois du lancement des Jeux olympiques de Pékin, un vent de protestation souffle sur le Tibet. Depuis lundi, et le discours prononcé par le dalaï-lama à l'occasion du 49e anniversaire de son exil forcé en Inde, des centaines de moines tibétains, rejoints par des civils, défilent dans les rues de Lhassa, la capitale. "Depuis près de six décennies, des Tibétains vivent en permanence dans la peur et sous la répression chinoise", a notamment déclaré le chef spirituel des bouddhistes tibétains, s'attirant les foudres de Pékin. Des évènements qui rappellent ceux de la Birmanie, à l'automne 2007 . Les premières marches, non violentes, ont été sévèrement réprimées par les autorités qui craignent que les JO ne servent de caisse de résonance aux défenseurs du Tibet indépendant. Ces rassemblements pacifiques ont depuis laissé place à des manifestations plus violentes. Mardi, des moines ont tenté de se suicider alors que des troupes encerclaient leur monastère. Vendredi, des incendies se sont déclarés sur l'un des plus grands marchés de la ville ancienne de Lhassa, le Barkhor, qui entoure le principal monastère de la capitale tibétaine. Ces incendies volontaires ont été confirmés par l'agence officielle Chine nouvelle, malgré l'omerta qui règne dans les médias chinois à propos de ces troubles. Selon le centre des urgences médicales de la capitale du Tibet, plusieurs personnes ont été tuées vendredi lors des violences dans le centre historique de Lhassa, qui ont fait également une douzaine de blessés. Canons à eau et gaz lacrymogènes contre les manifestants Selon une organisation de défense des Tibétains, Campagne internationale pour le Tibet (ICT), la situation s'est dégradée vendredi dans la vieille ville. "Une voiture de police a été incendiée près du monastère de Ramoche et nous avons appris que les mouvements de population avaient été restreints par les autorités", a déclaré Kate Saunders, une responsable de l'organisation basée à Londres. Toujours d'après ICT, des centaines de troupes et de policiers armés ont fermé trois monastères à Lhassa, empêchant les moines d'en sortir et les touristes d'y entrer. L'ambassade des États-Unis à Pékin a fait état de coups de feu à Lhassa, citant des témoignages de citoyens américains. Enfin, selon des témoins locaux, la police aurait utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes contre les manifestants. Pékin, qui occupe le Tibet depuis octobre 1950, considère que c'est une région historique de la Chine. De nombreux Tibétains affirment en revanche que cette région himalayenne a été indépendante pendant de nombreux siècles, et accusent l'empire du Milieu de vouloir écraser leur culture.
Source : Le Point

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