lundi 28 juillet 2008

«Personne ne sait combien d'enfants sont adoptables en France !»

(AFP)
Geneviève Miral, de l'association Enfance et famille d'adoption, accueille favorablement les mesures annoncées par Nadine Morano pour faciliter les conditions d'adoption en France.

«S'occuper des enfants délaissés» pour qu'il y ait plus d'enfants adoptables en France. Voilà le nouveau credo de Nadine Morano, la secrétaire d’Etat à la Famille, qui annonce une série de mesures pour faciliter l’adoption en France. L’occasion de faire le point sur la situation actuelle avec Geneviève Miral. Vice-présidente de l’association Enfance et familles d’adoption (EFA), qui regroupe 11.000 familles adoptives ou postulantes, elle reste vigilante sur la mise en application de ces annonces politiques.
La secrétaire d’Etat veut un meilleur encadrement des procédures d’agrément en obligeant notamment les parents candidats à l’adoption à suivre au préalable une formation. Qu’en pensez-vous?

C’est une très bonne nouvelle. On a travaillé énormément au moment de la mission Colombani, en hiver dernier, pour faire passer ce principe que l’on défend depuis des années. Plus qu’une formation, il s’agit d’une préparation à l’adoption pour aider les futurs parents. La procédure d’agrément a pour objectif de vérifier le désir d’enfant et les capacités éducatives. C’est tout. Or, il est important aussi de préparer les futurs parents à l’accueil d’un enfant qui a déjà un passé et souvent un parcours difficile (passage par un orphelinat, maltraitance…) On a tendance à penser qu’un enfant a seulement besoin d’amour et que par définition, il est hyper-adaptable. En pratique, c’est faux. Il ne peut pas tout apprendre à la fois, il est important de le dire aux parents et de les conseiller avant même d’accueillir l’enfant.Nadine Morano souhaite «augmenter le nombre d’enfants adoptables en France» en modifiant les conditions de déclaration judiciaire d’abandon.

Quelle est la situation aujourd’hui?

Depuis vingt ans, le nombre d’enfants susceptibles d’être adoptés baisse inexorablement. Il y a plusieurs explications: le recours à l’avortement bien sûr, l’évolution des mentalités aussi. Etre mère célibataire est plus accepté aujourd’hui qu’autrefois. On constate également une évolution dans l’appréciation des cas d’abandon d’enfant. Le juge privilégie toujours le lien biologique. Comme s’il allait de soi qu’un enfant est toujours plus heureux avec ses parents biologiques que dans une famille adoptive… C’est faux! Dans les faits, les procédures sont très longues : cinq ans s’écoulent en moyenne entre le moment où l’enfant est retiré de la garde de ses parents (pour délaissement) et le moment où il est adoptable… Résultat : on se retrouve avec des enfants âgés de huit ou dix ans, un âge où il devient difficile de trouver une famille adoptive.

Combien d’enfants sont en situation d’être adoptés en France aujourd’hui ?

C’est difficile à croire mais personne ne le sait. On est incapable aujourd’hui en France de chiffrer avec exactitude le nombre d’enfants sous tutelle ! Ils seraient entre 8.000 et 10.000 dans des situations diverses: bébés nés sous x, pupilles de l’Etat ou enfants sous délégation d’autorité parentale. L’adoption en France est gérée au niveau départemental. On demande depuis des années la mise en place d’un service national en mesure de recenser les pupilles de l’Etat. En pratique, il suffirait de quelques personnes détachées et d’un petit budget à hauteur de 200.000 euros. Cela ne demande pas un gros effort mais encore faut-il une volonté politique !

Mais globalement, avec ces mesures annoncées, vous avez le sentiment d’être écoutée, non? L’expérience nous a appris à être prudent. Déjà la loi de 2005 nous promettait un guide des bonnes pratiques des professionnels de l’adoption. On attend toujours ! Ces annonces politiques de Nadine Morano sont positives mais encore faut-il qu’elles soient suivies d’effet. Nous seront extrêmement vigilants dans les prochains mois.

Propos recueillis par Marie Piquemal-LIBERATION.FR : lundi 28 juillet 2008

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