jeudi 21 août 2008

Plus riches, les Chinois veulent de plus en plus adopter

Le nombre d'enfants à adopter par des familles occidentales diminue en Russie, au Vietnam et au Cambodge, qui ont introduit des procédures plus restrictives, mais aussi en Chine.
En Chine cependant, les raisons de la baisse du nombre d'enfants à adopter par des étrangers sont différentes : les Chinois, à leur tour, se mettent à adopter, à mesure que leur niveau de vie, tiré par la croissance, s'élève.
Les chiffres sont là pour en témoigner. En 2004, a indiqué mardi 19 août le responsable des affaires sociales au ministère des affaires civiles, Wang Suying, 52.500 enfants chinois avaient été déclarés adoptables, et 12.500 d'entre eux avaient été adoptés par des familles étrangères. En 2007, ces chiffres sont tombés à 46.000 et 10.000.
Un autre facteur a sans doute contribué à cette diminution : en mai 2007, les autorités chinoises ont publié de nouvelles règles plus exigeantes pour les candidats étrangers à l'adoption.
M. Wang, cité par la presse chinoise, pense qu'en matière d'adoption les mentalités ont évolué en Chine. Longtemps, les couples chinois ont adopté des enfants pour s'assurer que quelqu'un serait là pour subvenir à leurs besoins dans leurs vieux jours, et, dans ce cas-là, les garçons étaient préférés aux filles.
Mais aujourd'hui, dit-il, de plus en plus de Chinois sont candidats à l'adoption simplement par amour des enfants. Et les moyens accrus d'une classe moyenne qui ne cesse d'augmenter rendent, matériellement, les choses plus faciles.
En vertu de la loi chinoise sur l'adoption, les couples désirant adopter un enfant doivent être en bonne santé, âgés d'au moins 30 ans, ne pas avoir d'autres enfants et disposer d'un revenu confortable et stable. Preuve que les Chinois - qui sont toujours soumis à la politique de l'enfant unique - sont de plus en plus nombreux à vouloir adopter, le temps d'attente a doublé et est maintenant supérieur à deux ans.
L'adoption reste néanmoins, au sein de la société chinoise, un sujet sur lequel on s'exprime peu. Les parents qui ont adopté un enfant observent une grande discrétion sur leur expérience et l'enfant lui-même est, le plus souvent, tenu dans l'ignorance de son origine.
Un événement a, en revanche, suscité un formidable élan public à l'égard de l'adoption : le tremblement de terre au Sichuan, le 12 mai. Les lignes téléphoniques des services d'adoption dans toute la Chine ont été prises d'assaut par des parents désireux d'adopter les orphelins du Sichuan, dont le chiffre a été évalué à plus de 4000, deux semaines après le séisme. De très nombreux Chinois d'outre-mer se sont aussi manifestés. Il a même été avancé que les règles de l'adoption pourraient être assouplies, que les familles ayant déjà un enfant pourraient adopter.
Les chiffres, cependant, ont beaucoup diminué. Le 29 mai, les autorités décomptaient 1879 enfants qui n'avaient pas eu de contact avec leurs parents depuis le tremblement de terre.
Mardi, M. Wang, le responsable des affaires sociales, a indiqué que "moins de cent" orphelins du Sichuan étaient actuellement adoptables. Mais ce nombre, a-t-il averti, est susceptible d'augmenter : le bilan officiel des disparus dans le séisme est de 18.176 (près de 70.000 personnes ont été tuées) ; parmi eux figurent des parents d'enfants qui ont survécu.
Si les corps de ces parents sont retrouvés, les enfants seront officiellement déclarés orphelins. Pour l'instant, la priorité à l'adoption est donnée aux parents qui ont perdu leur enfant dans la catastrophe.
Sylvie Kauffmann
Source : Article paru dans l'édition du 22.08.08 du Journal français Le MONDE.

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