Pour accueillir la plus grande compétition réservée aux handicapés, Pékin n'a pas lésiné sur les efforts. Avec en tête, un but bien précis : adoucir son image dans un domaine qui lui est peu favorable.
C'en est fini. A Pékin, l'énorme logo des Jeux Olympiques a quitté la place Tiananmen, remplacé par celui des Paralympiques. Même chose près de la plupart des stades, tandis que les premiers des 4200 athlètes handicapés attendus ont fait leur entrée dans le village olympique.Certes, les Paralympiques ne suscitent pas le même engouement que les JO. Ici comme ailleurs, il va falloir attendre longtemps avant de pouvoir rivaliser avec les efforts consentis pour les Jeux et les décorations des Paralympiques font encore pâle figure par rapport aux précédentes. Mais les organisateurs sont aussi conscients de la formidable opportunité que leur offre cette occasion, d'abord pour redorer la piètre image de la Chine en matière de traitement des handicapés et au-delà, faire oublier un court instant sa triste réputation en matière de droits de l'homme.
Liu Qi, président du Comité d'organisation olympique chinois, a promis "une édition des Paralympiques aussi excitante que celle des JO". Des propos sans doute un peu illusoires mais qui s'étoffent toutefois de quelques faits. En plus des 44 000 volontaires recrutés pour l'événement, Pékin a dépensé 67 millions de yuans (environ 6,7 millions d'euros) pour faciliter l'accès aux handicapés sur une soixantaine d'attractions touristiques, construire des passerelles sur plus de 12 000 mètres carrés et près de 3200 mètres de rampes manuelles. Les personnes à mobilité réduite peuvent désormais accéder à la Grande Muraille grâce à deux ascenseurs et atteindre la section de Badaling par une passerelle de 180 mètres de long. La Cité Interdite a elle aussi été équipée. Mais ces aménagements ne concernent pas uniquement les monuments. Le marché de la soie, haut lieu de la contrefaçon, s'est aussi mis au diapason en aménageant une voie de 160 mètres de long pour les non-voyants et en initiant son personnel au langage des signes. Et de son côté, la télévision nationale a promis de diffuser au moins trois événements en direct par jour pendant les Paralympiques, doublés en langage des signes. Un chiffre qui reste toutefois dérisoire au regard de la couverture assurée pendant les JO.Peu importe. Revêtue de ces nouveaux habits, Pékin a de grandes chances de réitérer le coup de maître réalisé pendant les JO : présenter une image étincelante au reste du monde. Mais pour cela, il a fallu faire le ménage en faisant disparaître les mendiants handicapés qui peuplent habituellement la place Tiananmen et les autres lieux touristiques. Comme d'habitude, les visiteurs étrangers des Paralympiques n'y verront sans doute que que du feu...
le 3/9/2008 à 12h12 par Mathilde Bonnassieux (Aujourd'hui la Chine)
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