Paysans cultivant le blé dans le Sichuan
En visite dans la province de l'Anhui le 30 septembre dernier, le président chinois Hu Jintao a déclenché une étincelle dans l'esprit des 730 millions paysans chinois en laissant entendre que ceux-ci seront bientôt autorisés à vendre leurs terres.
L'annonce officielle en sera faite lors de la 3e session plénière du 17e Comité central du PCC qui doit démarrer le 9 octobre, a-t-il ajouté.
C'est la première fois qu'une décision d'une telle importance est annoncée avant même une réunion du plénum du Comité central, selon le quotidien hongkongais Ming Pao.
Et pour cause. La question paysanne est l'une des plus sensibles en Chine. Chaque année, des dizaines de milliers d' "incidents de masse" enflamment les campagnes chinoises (74 000 en 2004 selon les chiffres du ministère de la Sécurité Publique). Tues dans les médias, la plupart naissent du mécontentement de paysans forcés d'abandonner leur terre à la construction d'usines, de routes ou de grands projets immobiliers.Depuis la naissance de la République Populaire de Chine, le droit de propriété est un terme banni des campagnes. Avec l'arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping en 1978, les agriculteurs ont écopé d'un droit de bail de 30 ans renouvelable sur leur terre, qui revient à un droit d'usage, non de propriété. Mais censée améliorer leur ordinaire, cette mesure n'a fait qu'ouvrir la porte aux dérives.
Depuis 30 ans, les paysans qui ne peuvent ni vendre ni acheter vivent à la merci des appétits des fonctionnaires locaux qui louent sans vergogne leurs terres à de riches entrepreneurs ou promoteurs immobiliers, empochant au passage une généreuse commission. Les expropriations sont devenus le lot commun et quand certains se révoltent, ils sont aussitôt sévèrement réprimés.
Le prochain congrès pourrait donc donner un coup de pied dans la fourmillière. Sans changer "le système de contrat sur l'exploitation forfaitaire de la terre" [droit d'usage accordé aux paysans pour une période de trente ans], Hu Jintao a évoqué de meilleures garanties pour les agriculteurs. "Les paysans seront autorisés à transférer leur droit d'usage sur leur terre par différents moyens, selon leur volonté".
La prudence est encore de mise. Et si toutefois cette mesure est confirmée lors du prochain congrès, restera à la faire appliquer à l'échelle locale. Eternel problème dans ce pays qu'est la Chine où les décisions prises au sommet sont peu respectées aux échelons inférieurs.
Source : le 7/10/2008 à 12h54 par Mathilde Bonnassieux (Aujourd'hui la Chine)
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